la Belgique ne met pas en pratique les deux recommandations du Centre interféral pour l’Égalité des chances et la lutte contre le racisme
Bruxelles, le 31 janvier 2016 – À l’occasion du World Hijab Day, qui a lieu chaque année le 1er février, le Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique (CCIB) demande à nos Ministres en charge de l’Enseignement de garantir la liberté de conscience et d’expression pour les étudiant(e)s dans l’enseignement supérieur et pour les professeur(e)s lors des cours philosophiques dans les enceintes de nos écoles, conformément aux deux recommandations du Centre Interfédéral pour l’Égalité des Chances et la lutte contre le Racisme.
Il est inacceptable qu’en 2016, nos Ministres laissent sans agir une discrimination spécifiquement dirigée notamment contre des femmes tant dans l’enseignement supérieur ou de promotion sociale (pour des étudiant(e)s majeurs) que dans l’emploi (pour des professeur(e)s des cours philosophiques).
Ces atteintes aux libertés publiques touchent particulièrement des femmes musulmanes qui font le choix librement consenti de porter un foulard. Tous les progressistes et les démocrates de notre pays devraient s’activer à promouvoir les droits de l’homme en la matière, tant pour ces femmes que pour les autres attributs vestimentaires culturels et/ou religieux (turban, kippa, croix…).
Le Centre Interfédéral a publié deux recommandations, argumentées et détaillées, demandant aux Ministres compétents, M. Marcourt (en charge de l’enseignement supérieur), Madame Simonis (en charge de l’Enseignement de Promotion Sociale) et Madame Milquet (en charge de l’Éducation), l’établissement d’une circulaire pour résoudre une fois pour toutes cette atteinte aux droits et libertés publiques.
- Port des signes religieux dans l’enseignement supérieur dans l’enseignement supérieur et dans l’enseignement de promotion sociale (AAR 6) : « Se basant sur les libertés fondamentales garanties par les textes internationaux et par la Constitution belge et sur les dispositions du décret anti-discrimination de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Centre (…) plaide pour qu’aucune restriction ne soit faite à la liberté des étudiants d’exprimer leurs convictions. Il est proposé qu’une circulaire soit envoyée en ce sens aux établissements d’enseignement supérieur et de promotion sociale ».
- Port des signes religieux par les enseignants en charge des cours philosophiques(AAR 119): « Au regard de la jurisprudence du Conseil d’État, des décrets « Neutralité » et anti-discrimination de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Centre recommande l’adoption d’une circulaire qui entérine la position du Conseil d’État en ce qui concerne le port des signes religieux par les enseignants en charge des cours philosophiques. Cette circulaire devrait enjoindre les pouvoirs organisateurs et les directions d’école à intégrer cette position dans leur règlement de travail ».
En janvier 2016, suite à l’Examen Périodique Universel de la Belgique aux Nations Unies, notre pays, malgré des progrès salués, a été interpellé pour son manque de proactivité dans la lutte contre l’islamophobie et les discriminations. Nous en avons ici un cas concret : la liberté laissée aux écoles ne peut justifier des discriminations structurelles et des atteintes aux libertés publiques dont l’État est le garant, d’après le principe de hiérarchisation des normes. C’est pourquoi le CCIB demande aussi au Centre Interfédéral de faire appliquer la législation antidiscrimination.
À l’heure où plusieurs citoyens issus de diverses communautés craignent pour le port dans l’espace public de leur signe convictionnel (foulard arraché dans la rue, crainte de port de la kippa pour des personnes juives, port de la barbe…), notre pays doit réaffirmer les principes fondamentaux de liberté de conscience, d’expression, de religion et de culte ainsi que de non-discrimination ; tous inscrits dans notre Constitution.
Soulignons que la Belgique est élue pour un mandat au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies (2016-2018) et que cette fonction lui donne une visibilité qui justifie, à plus forte raison, la cessation sans délai de ces discriminations qui ternit son image et ses efforts en matière de droits de l’homme au niveau international.
Enfin, le CCIB se réjouit de l’annonce de la Ministre fédérale de l’Égalité des Chances, M. Elke Sleurs (NVA) qui souhaite intégrer les actes islamophobes dans le cadre de la mise à plat des politiques anti-discriminations dans notre pays. Notre association est disponible pour faire part de son expertise et de ses recommandations en la matière. L’évaluation de la législation anti-discrimination, qui aura lieu dans les prochains mois conformément aux recommandations du Comité pour l’Élimination de la Discrimination Raciale (CERD), doit être une occasion de construire et renforcer, avec l’aide des progressistes et des démocrates, une société plus juste et plus inclusive.
Contact presse : H. El Hajjaji, Vice-Président (0496324848) – contact@islamophobia.be