BRUXELLES, le 16 décembre 2015. Suite à la fusillade du 13 novembre à Paris qui a fait de nombreuses victimes innocentes, les mesures sécuritaires mises en place en Belgique depuis ces attentats ont créé une vague de peur inouïe avec pour conséquence des métros, des centres commerciaux et des écoles fermées pendant plusieurs jours. Du jamais vu.
Les actions politiques et la couverture médiatique exceptionnelles endéans ce mois ont produit un effet que le Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique (CCIB) a tenté de mesurer via les signalements qu’il a reçus depuis un mois. Le constat est clair : l’islamophobie en Belgique augmente et la stigmatisation, les discriminations ainsi que les violences policières envers des citoyens de Belgique sont très préoccupantes.
Une cinquantaine d’actes islamophobes en un mois
Le CCIB a recensé et/ou reçu 47 actes islamophobes durant le mois qui vient de s’écouler, ce qui ne représente que la partie visible d’une réalité très difficile à appréhender. Alors que notre société est sous le choc des menaces terroristes, ces signalements montrent à la fois les dérives, les atteintes aux droits ainsi que les menaces d’individus ou de groupes xénophobes envers la communauté musulmane.
Voici la répartition des 47 actes islamophobes1 :
– 24 actes de cyberhaine/propos islamophobes
– 7 discriminations
– 10 actes de délits ou crimes de haine
– 6 actes de dérives/violences policières
La communauté musulmane vit dans la peur à la fois des actes terroristes dont elle n’est pas plus protégée que la population nationale, mais aussi des amalgames qui en résultent, des perquisitions policières abusives dont certaines familles ont fait l’objet, ainsi que d’attitudes haineuses. Certains musulmans n’osent plus se rendre à la mosquée ou dans certaines rencontres publiques. Ces actes et ces craintes créent de la tension, de la frustration, de la violence symbolique, voire physique parfois aussi. Bref, exactement le contraire de ce dont nous avons besoin actuellement.
Sale temps pour les droits de l’homme
Comme l’ont reconnu publiquement Françoise Tulkens, ancienne Juge à la Cour européenne des droits de l’Homme sur La Première (« Les vents sont actuellement contraires aux droits de l’homme ») et Alexis Deswaef, Président de la Ligue des Droits de l’homme en critiquant les mesures du gouvernement, il existe à côté de l’urgence sécuritaire une urgence sociale qui nécessite une réponse politique forte. Aucun musulman ne devrait être inquiété en Belgique du simple fait de sa religion, et certainement pas en l’associant à des personnes qui commentent des atrocités au nom de l’islam.
Le contrecoup islamophobe est bien là : explosion de la cyberhaine déjà fortement présente sur les réseaux sociaux, incitation à la haine et au meurtre, dérives policières, accusations d’enseignants envers certains élèves qui se retrouvent au commissariat, offensive de certains partis/établissements sur les signes religieux dans les hautes écoles et l’emploi2, lettre de menace envers certaines mosquées, attaques contre des députés belges de confession musulmane…. Entre agitation politique et nervosité policière, les victimes de l’islamophobie sont prises en tenaille dans ce climat d’hystérie collective.
Bruxelles a souffert en termes d’image… la communauté musulmane aussi !
Bruxelles a souffert des évènements récents de menaces terroristes notamment dans les secteurs du tourisme, de l’horeca, de la culture et de l’économie … mais la communauté musulmane paie aussi très cher en termes d’image ces attaques terroristes. Sans réaction appropriée, ces évènements laisseront des traces, particulièrement chez les jeunes et c’est précisément ce qu’il faut éviter si nous voulons lutter efficacement contre la radicalisation.
C’est pourquoi le CCIB a rapporté chaque cas au Centre Interfédéral pour une analyse spécifique et qu’il a voulu aussi souligner à la fin de ce document d’analyse des actions concrètes qui permettent de lutter ensemble contre l’islamophobie. Ces bonnes pratiques nous donnent espoir et font la fierté de notre société, de notre pays, de notre Europe.