L’islamophobie comme indicateur de notre rapport à l’altérité en Belgique
Le CCIB recense depuis 2014 les actes islamophobes commis en Belgique et sur Internet. Dans ce premier rapport qui reprend un état de l’islamophobie en Belgique pour l’année 2017, vous trouverez un aperçu des actes islamophobes et des autres incidents recensés. Nous présentons aussi notre méthodologie de collecte et de traitement des données ainsi que des bonnes pratiques pour lutter efficacement contre l’islamophobie en 2017.
Les actes recensés et analysés dans ce rapport ont été soit communiqués par les victimes directes, soit par autosaisie par les membres du CCIB. Ces chiffres ne représentent que la partie visible de l’iceberg et sont loin de donner une représentation réelle de ce phénomène xénophobe – aux côtés d’autres manifestations de haine – dans notre pays.
Ces actes en 2017 se manifestent par des faits graves : profanation de lieux de culte (mosquée), agression physique envers des personnes (visiblement ou pas) musulmanes, incitation ouverte à la haine sur les réseaux sociaux, manifestations de groupes xénophobes et islamophobes (Pegida…).
Il n’est plus possible de fermer les yeux sur la réalité de l’islamophobie en Belgique de nos jours.
D’ailleurs, au-delà de ces chiffres, il faut souligner que chaque acte islamophobe qui n’est pas rapporté n’existe tout simplement pas et ne nous permet pas d’agir ensemble pour une société du respect. C’est pourquoi il est important de pouvoir dresser un tableau aussi précis que possible des signaux dont nous sommes témoins dans notre pays et prendre au sérieux chaque signalement, chaque propos, chaque acte pour l’analyser. Cette analyse doit permettre soit d’expliciter le caractère effectivement xénophobe et islamophobe, soit de justifier en quoi il ne l’est pas et affiner ainsi la méthode de collecte et de caractérisation. Il s’agit d’un effort continu et utile pour améliorer nos connaissances des manifestations de l’islamophobie en Belgique.
Afin de renforcer les valeurs de liberté, de respect et d’égalité citoyenne, il est important que les citoyens de confession musulmane de Belgique puissent garder espoir en nos valeurs communes et poursuivre leurs efforts de participation et de contribution à la société belge, au-delà des difficultés et des obstacles qu’elles rencontrent, dans un contexte post-attentats, de montée des nationalismes, des populismes et de crise des migrants. En ce sens, on peut affirmer que l’islamophobie est un nouvel indicateur dans nos sociétés de notre rapport à l’altérité.
Les actes islamophobes menacent les valeurs de notre démocratie, il est urgent au-delà du constat et de la comptabilisation des actes, d’agir de manière concrète et efficace. Ce rapport peut y contribuer et il présente à la fin des recommandations utiles pour promouvoir une société du respect, de la justice et de l’égalité réelle. Ces actes de haine doivent être recensés, leurs auteurs poursuivis et sanctionnés. Tant la violation de droits fondamentaux que la détérioration de la cohésion sociale doivent tous nous préoccuper, en tant que démocrates et en tant que citoyens aspirant à vivre en paix et dans le respect mutuel dans nos sociétés multiculturelles et sécularisées. Nous avons tous à gagner à vivre dans une société plus inclusive et plus respectueuse.
Le Conseil d’Administration du CCIB asbl.